Préservation du Bassin du Congo

photo de famille

I.        INTRODUCTION

Le projet de sensibilisation “Congo Basin talk with Young professionals » (Échanges avec les jeunes professionnels du bassin du Congo, en français) consiste en une série de rencontres, d’échanges et de discussion avec des jeunes professionnels pour échanger autour de la valeur ajoutée que la forêt du Bassin du Congo peut représenter dans leur propre bien-être.

Les activités du projet visent à élargir les connaissances des jeunes professionnels sur la façon dont la forêt du Bassin du Congo peut servir leurs intérêts personnels et de quelle manière ils peuvent identifier les opportunités d’améliorer la gouvernance forestière et de tenir les décideurs responsables.

Les attentes sont claires et bien définies à la sortie de ces échanges. Il s’agit de :

  • Sensibiliser largement sur les questions de la préservation du bassin du Congo ;
  • Faciliter les échanges et l’identification des opportunités présentes dans le secteur forestier auprès des jeunes professionnels ;
  • Améliorer la connaissance des jeunes professionnels sur la thématique de la justice climatique liée à l’exploitation illégale du bois

L’activité du 5 avril 2023 a été organisée par Green Space Network (GSN) sous la facilitation du Pulitzer Center en vue tenter de rencontrer ces attentes qui en sont les objectifs spécifiques.

L’activité visait trois objectifs spécifiques :

  • Susciter l’intérêt des jeunes professionnels sur les questions de la préservation du bassin du Congo 
  • Encourager les échanges et l’identification des opportunités présentes dans le secteur forestier auprès des jeunes professionnels
  • Elargir la connaissance des jeunes professionnelles sur la thématique de la justice climatique liée à l’exploitation illégale du bois

L’activité s’est tenue le 5 avril 2023 dans la salle Kahuzi Biega du bâtiment administratif du gouvernement. Elle a consisté en un échange et des discussions autour de la valeur ajoutée et de l’importance à préserver la forêt du Bassin du Congo et a connu la participation de 51 personnes en présentiel et 25 en ligne sur la chaîne YouTube de GSN où les échanges ont été diffusée en direct.

Jeune

Plusieurs organisations de la société civile, institutions publiques et entreprises privées ont pris part à l’activité dont la modération a été assurée par Madame Mbenzu Aude-Magaly, fondatrice de l’entreprise ITSINA. Trois experts ont été mis à contribution pour apporter de la matière aux échanges : Madame Maribé Mujinga, directrice chef de service de la cellule de contrôle et vérification du ministère de l’environnement et développement durable (MEDD), Monsieur Alfred Ntumba, journaliste et fondateur de l’organe de presse Environews (magazine en ligne et télévision spécialisée dans les questions environnementales) et Monsieur Essilot Lubala, conseiller de l’Observatoire de la gouvernance forestière (OGF), une organisation de la société civile.

La rencontre a connu trois temps forts, à savoir les mots de circonstance prononcés par les organisateurs, les interventions des experts et le débat général.

Les mots de circonstance ont été prononcés successivement par Roliane Kayiba, coordinatrice nationale de Green Space Network (GSN) et Afy Malungu, responsable du programme RDC de Pulitzer Center.

Madame Kayiba Roliane a prononcé le mot de bienvenue en commençant par remercier les participants pour avoir répondu massivement à l’invitation. Elle a ensuite présenté l’organisation, ses objectifs et ses programmes avant de terminer son mot par un appel à la conscience des jeunes sur l’importance de la préservation de l’environnement.

Madame Malungu Afy a commencé par appeler les jeunes à identifier les opportunités qui pourront contribuer à leurs bien-être tout en contribuant à préserver les forêts du Bassin du Congo. Elle a présenté le projet « Echange avec les jeunes professionnels du Bassin du Congo » dans le cadre duquel l’activité du jour a été organisée. Ce projet est mis en œuvre pour sensibiliser les jeunes dans l’identification des opportunités qui pourrait contribuer à leur bien-être afin de contribuer à la préservation des forêts du Bassin du Congo. Les activités de ce projet sont exécutées à travers des plates-formes des jeunes pour échanger sur des questions diverses, à travers une collaboration avec la radio Okapi qui consacre une émission d’interaction des jeunes avec des experts invités et à travers une prochaine campagne que le Pulitzer Centre prévoit de lancer pour permettre aux jeunes de connaître les opportunités dans différentes thématiques qui existent dans le secteur forestier. Elle a enfin exhorté les participants à bien profiter des interventions des experts et à penser à créer un mouvement pour pérenniser les échanges.

Intervention d'un expert

Dans la première intervention, « Droits de l’Homme et les peuples autochtones dans l’exploitation forestière », Madame Mujinga Maribé a commencé par donner une brève définition des droits de l’Homme d’après les Nations-Unies avant de présenter différentes dispositions du code forestier règlementant les questions des droits humains, des droits des peuples autochtones et des populations locales dans l’exploitation forestière (les droits d’usage et les clauses sociales). Elle a ensuite présenté une série de recommandation pour la garantie du respect et de l’application des droits d’usage par les autorités administratives de l’Etat. Enfin, elle attiré l’attention des participants sur le fait que la société civile a un rôle à jouer dans le monitoring du respect des droits de l’Homme dans le cadre du fonctionnement des concessionnaires forestiers, au-delà de l’action des institutions publiques.

Mme Mujinga a mis en évidence l’importance de l’accès de la jeunesse aux ressources numériques mises à sa portée et a demandé aux jeunes de s’en servir pour accompagner les gouvernements dans cette tache de suivi et contrôle, de partager des informations avec les communautés résidant dans ces milieux d’où proviennent des grumes pour qu’elles soient également vigilantes et éveillées.

Dans la seconde intervention, Maître Essilot Lubala a attiré l’attention des jeunes sur l’étendue de la déforestation en RDC constaté notamment par l’OGF. Carte à l’appui, il a montré commententre 2010 et 2020, la RDC a perdu une superficie près de 13 millions d’hectares de ses forêts. Dans ces conditions, si rien n’est fait, la forêt équatoriale au nord du pays va disparaitre à l’instar de celle de Mayombe, dans la province du Kongo central. Il a partagé sa grande préoccupation au regard de cette disparition des superficies forestières.

Me Lubala a particulièrement insisté sur l’importance de la bonne gouvernance dans le secteur de l’exploitation forestière au-delà de la gouvernance générale. Il estime que seule une bonne gouvernance du secteur pour permettre de circonscrire les mauvaises pratiques des divers acteurs, tant publics que privés, intervenants dans le secteur. Le renforcement du contrôle sur terrain serait dès lors un élément déterminant de la garantie du respect des dispositions légales qui ont été conçues pour assurer une bonne gestion des forêts.

Dans la dernière intervention, Monsieur Ntumba Alfred a donné l’économie du rapport de l’enquête que vient de réaliser son entreprise de presse sur les entreprises forestières. Selon cette enquête les entreprises chinoises ne disposent pas de plans d’aménagement de leurs concessions forestières telle qu’exigé par la loi. Ces entreprises exploitent même dans les sites protégés et des lieux sacrés comme les cimetières. Elles ont coupé des arbres hôtes à chenilles provoquant un impact négatif sur la vie des communautés. Cette exploitation non respectueuse de l’environnement a privé les communautés de ramassage des chenilles et de la chasse des gibiers, des activités qui contribuaient à leur petite économie. Aujourd’hui ces communautés sont dans une précarité indescriptible. Ces entreprises, non seulement, violent la loi mais appauvrissent également les communautés.

Participants à l'atelier

A la suite des trois interventions, un débat a été engagé avec les participants. Plusieurs questions ont été posées, des expériences ont été partagées et des suggestions ont été proposées. On peut noter quelques suggestions majeures qui sont ressorties de ce débat :

  • La nécessité de rendre plus facile et plus accessible le financement des jeunes entrepreneurs dans le secteur vert ;
  • L’importance de la mise en place d’une commission anti-fraude dans tous les postes stratégiques de sortie et d’entrée ;
  • Un meilleur contrôle sur l’utilisation des permis d’exploitation, comme mécanisme de limitation de la disparition des forêts, pour éviter, par exemple, une exploitation industrielle avec un permis artisanal ;
  • L’importance de l’application des sanctions systématiques contre les contrevenants ;
  • La systématisation des procédures garantissant le renouvellement des forêts (un participant a voulu, par exemple, savoir s’il y avait, en matière de reforestation, une loi qui exigeait le remplacement des essences coupées par les mêmes.)

La rencontre a permis aux participants d’avoir beaucoup d’information sur l’exploitation forestière, les droits des communautés sur l’exploitation forestière et les opportunités qui se présentent dans ce secteur.

A l’issue de ces échanges les recommandations suivantes ont été suggérées :

  • Multiplier ce genre de rencontres pour plus de compréhension
  • Mettre en place un système de protection des ressources forestières
  • Donner plus la parole aux participants ainsi qu’avoir plus de temps d’échanges
GSN